Prélude :

Les événements cités dans ce document sont extraits de minutiers et de registres paroissiaux conservés aux Archives Départementales de l'Ardèche. Les importantes lacunes qui en perturbent la continuité sont dues à des actes notariés que je n'ai pas retrouvés ou à des documents, hélas, à jamais disparus. Par ailleurs, les affirmations qui n'ont d'autre source que mon interprétation sont explicitement signalées. Enfin, pour des raisons qui me sont personnelles, j'ai privilégié, en dehors des citations en italique qui sont des transcriptions textuelles, la graphie Charaix au détriment des Charraix, Charais, Charay, Charays et autres Charrays.
Pour faciliter la circulation parmi les énumérations parfois fastidieuses de mariages de naissances et de décès, j'accompagnerai l'écriture des noms propres des symboles :
quand il sera question d'un ascendant (le nom est sur fond gris quand il ouvre une fiche)
 pour un "oncle" ou une "tante" (frère/sœur d'un ascendant),
 pour un "cousin" ou une "cousine" (fils/fille des précédents).

Le rideau se lève :
Antoine Charaix maçon d'Elze, Louis Jallet propriétaire au Conchaix des Salelles (1586 - 1599)

Le Conchaix, lieu-dit de la paroisse des Salelles au nord-ouest des Vans, est une petite plaine fertile entre le Chassezac et une raide colline boisée. Louis Jallet habite cette mosaïque de vignes et de prés, striée de chemins qui, entre les oliviers et les arbres fruitiers, unissent les habitations voisines ou conduisent aux champs. La résidence des Jallet puis des Charaix est désignée indifféremment par Conchaix, Sabatiers et parfois Moriers qui sont des lieux dits du Conchaix.
Avec son épouse Marguerite Sabatier généreusement dotée par son père Yllaire, ses enfants François, Louis, Antoine, Jacques, Ysabel et Ysabel (!), sa maison et ses terres, Louis Jallet est un membre respecté de la communauté. Le 28 décembre 1586 "souverain prince Henry par la grâce de dieu roi de France et de Pologne", il est parmi les signataires d'une transaction entre les habitants de la paroisse des Salelles.

Le 18 juin 1586, il réclame à Jacques Derozilles fils de Claude de Redoussas "la somme de dix francs de Roy à cause de prêt par ledit Jallet audit Jacques Derozilles ci-devant fait comme à dit peut avoir sept ou huit ans ou environ" qu'il "lui a promis payer à Saint Michel prochain" engageant "deux acols supérieurs d'une sienne pièce de terre contenant pré chastanet et arbres fruitiers assise dans la paroisse des Salelles terroir appelé des Sanhes" "laquelle pièce lui a expressément emprécariée jusque l'avoir entièrement payé avec pacte express que au cas que ledit Derozille ne payerait icelui Jallet au terme susdit en sera permis prendre possession de ladite pièce pour la susdite somme sans contradiction de personne ni autorisation juste comme si ledit Derozilles la lui avait vendue".

Antoine Charaix fils d'Antoine habite Elze, entre les schistes sombres et les valats profonds qui plongent dans le Chassezac. Au delà des providentiels châtaigniers et des rares terres cultivables disputées aux bruyères, il est sans doute attiré par les riches labours de la plaine des Vans et les promesses des vignes aux flancs des collines ensoleillées qui s'amollissent vers le Rhône car, le 5 avril 1599 au matin, il s'adresse seul à "Anthoine Burget maçon du lieu de Centenove paroisse de Gravières" qui s'engage à " lui enseigner l'état de maçon dans le temps et terme de treize mois pendant lesquels icelui Burgel sera tenu le nourrir et ledit Charais le bien servir sauf que si dans quinze jours prochains ledit état de maçon n'est agréable à icelui Charaix le présent contrat sera nul pour lequel apprentissage icelui Charais sera tenu comme a promis payer audit mr Burget la somme de quatre francs".

Si ce n'est qu'il est assez âgé pour passer contrat sans la caution d'un parent, j'ignore tout d'Antoine. Cette absence d'informations est une aubaine pour le chercheur mais elle laisse sur nos origines une ombre mystérieuse qui voile le rayonnement de notre fière lignée (... poil au pied ?). .../...