Saint Pierre de Cluny

 

Cluny est, en Saône et Loire, un chef lieu de canton de l'arrondissement de Mâcon (environ 4 300 habitants).
Altitude 248 m.
Latitude 46°26' Nord - Longitude 4°39' Est.

Le 2 septembre 909 Guillaume 1er, duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne, donna la villa de Cluny à Bernon, abbé de Baume, pour y fonder un monastère observant la règle de Saint Benoît d'Aniane. La règle clunisienne fut adoptée par d'autres prieurés puis par de véritables abbayes, autonomes mais directement soumises à l'autorité du Pape par l'intermédiaire de l'abbé de Cluny. Au XII° siècle, l'ordre comptait près de 2 000 établissements. Elle resta l’église la plus longue de la chrétienté jusqu’à la construction de Saint-Pierre de Rome. Devenue bien national à la Révolution et utilisée comme carrière de pierre, elle fut systématiquement exploitée jusqu’en 1823. 

L'abbaye
Commencée au X° siècle en style roman (Cluny II ou Saint Pierre le Vieux) et achevée au XII° siècle en style gothique (Cluny III de l'abbé Saint Hugues), l'abbatiale était longue de 187 m. La nef, précédée d'une avant nef, comportait onze travées et s'élargissait par des doubles collatéraux. Son élévation à trois niveaux était couverte par une voûte brisée, soutenue par des arcs doubleaux. A l'extérieur la présence de contreforts évidés est tout à fait exceptionnelle pour une église romane. Le tympan mesurait cinq mètres de diamètre. Les tours barabans qui entouraient le portail furent réalisées aux XIIe et XIIIe siècle. Le grand transept avait une longueur de 75 m, le petit transept 59 m.
Il ne reste aujourd'hui que les bras sud du grand et du petit transept, ainsi que le clocher de l'Eau bénite, qui coiffe le croisillon sud du grand transept. Dans le bras sud du petit transept, on trouve la chapelle Jean de Bourbon (XV° siècle). On peut voir aussi les restes des tours barabans, qui encadraient le portail, et les parties basses de l'avant-nef. Les bâtiments conventuels construits au XVIII° siècle ont été épargnés, de même que les palais abbatiaux du XV° siècle de Jean de Bourbon et de Jacques d’Amboise. A l’intérieur du premier a été installé le musée Ochier, où sont conservés des vestiges et des maquettes de l’ancien monastère et du bourg médiéval.

L'ordre
Directement soumis au Saint-Siège, Cluny est au XI° siècle un instrument de la réforme grégorienne contre les vices dont souffre l'église : Simonie et Nicolaïsme. Cependant, dès la fin du XI° siècle, de nouveaux ordres inspirés d'un idéal d'austérité (Cîteaux, Prémontrés, Chartreuse) dénoncent l'enrichissement et le pouvoir temporel excessif de l'ordre clunisien. L'abbaye de Cluny devient, en opposition complète avec l'idéal cistercien, l'un des principaux foyers de la vie intellectuelle et artistique en Occident.

Pierre le Vénérable
Pierre le Vénérable (1094 - 1156) devint abbé de Cluny en 1122. Il consacra sa vie à rétablir la discipline de l'abbaye tout en s'opposant aux thèses de saint Bernard. Pourtant, lors du schisme de l'antipape Anaclet, ancien cluniste, il prit, avec saint Bernard, le parti d'Innocent II. Opposé à la Croisade, il préconisait une réfutation intellectuelle des thèses musulmanes et fit, à cet effet, traduire le Coran en latin. Il correspondit avec Héloïse après la mort d'Abélard (admis à Cluny après la condamnation de l'application du conceptualisme au mystère de la Trinité par Saint Bernard, le concile de Sens et le Pape).