La bataille Après la guerre de mouvement de 1914, le front s'est stabilisé
et, jusqu'en 1917, les Allemands ont renforcé les défenses naturelles
du Chemin des Dames. Pour accélérer d'éventuelles
négociations, les Alliés demandent à Nivelle d'enfoncer le front
allemand. Le mauvais temps retarde le jour de l'offensive, le
brouillard et les nuages gênent les observateurs (53 batteries sur
192 sont repérées). Le sol est détrempé, les soldats souffrent
du froid. Cinq millions d'obus sont envoyés sur les Allemands mais
ceux-ci sont solidement retranchés dans des "creutes"
(abris souterrains). D'autre part, les tirs, répartis sur toute
la profondeur des lignes pour favoriser l'avance escomptée, n'ont
pas détruit les réseaux de barbelés des premières lignes. De plus,
il semble que les Allemands, avertis, aient amené quelques divisions
supplémentaires sur le Chemin des Dames. En dépit de l'utilisation de quelques chars d'assaut, l'offensive du 16 avril
1917 est un désastre. Les mitrailleuses surgissent des abris et
massacrent les assaillants empêtrés dans les barbelés : "A
six heures la bataille est commencée, à sept heures elle était perdue". Nivelle qui
s'était engagé à cesser les combats s'il n'obtenait pas de succès
dans les 24 heures s'obstine jusqu'au 25 avril. Au prix de pertes humaines
considérables Craonne et le plateau de Californie sont pris les
4 et 5 mai
1917. Pour les dix premiers jours de l'offensive on compte 30 000
morts, 54 000 blessés et 4 000 prisonniers du côté français. Les soldats fatigués et découragés refusèrent de marcher au
sacrifice inutile. On les appelle des "mutins". Nivelle, limogé, fut remplacé
par Pétain. Le Chemin des Dames pris par les Français en novembre
1917, fut perdu en mai 1918 dans l'offensive qui ramena les Allemands
sur la Marne et rerepris en octobre 1918. Le rapport d'enquête fait
en pleine guerre est sans complaisance "le général Nivelle
est responsable du plan ... il revendique d'ailleurs entièrement
cette responsabilité ... la part du hasard est si grande à la guerre
qu'il paraît impossible d'affirmer que le plan n'était pas réalisable
... il faut reconnaître toutefois que le terrain était très difficile
et qu'il attaquait un ennemi averti, retranché et disposant de nombreuses
réserves". Nivelle n'a jamais été jugé. L'ensemble
du terrain a été déclaré "zone rouge" par arrêté préfectoral
en 1919. Jour après jour, pendant plus de 20 ans, le sol a été aplani,
des tonnes de ferrailles et de munitions ont été extraites du sol,
des centaines de cadavres ont été retrouvés. Seules quelques zones
boisées comme "l'arboretum" qui recouvre le Vieux Craonne
donnent encore une idée du bouleversement du sol après les combats.
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