Un maréchal de France ne demande pas grâce

 

L'Île d'Yeu est, en Vendée, un chef lieu de canton de l'arrondissement des Sables d'Olonne (environ 4 800 habitants).
Altitude 48 m.
Latitude 46°42' Nord - Longitude 2°20' Ouest

En novembre 1945, le maréchal Pétain, chef de l'état français, condamné à mort amnistié, fut interné dans l'Île d'Yeu au fort de la Pierre Levée jusqu'à sa mort en 1951.

Les lieux
L'Île d'Yeu a connu son insularisation définitive il y a 5 000 ans environ. Elle mesure 10 km en longueur, 4 km en largeur (une quarantaine de kilomètres de tour) et 23 km2 de superficie. Le fort de la Pierre Levée ne prit sa forme actuelle (vaste quadrilatère autour d'une cour carrée) qu'en 1866. Désaffecté en 1889, il servit souvent de prison.

Le maréchal
Henri Philippe Pétain est né le 24 avril 1856 à Cauchy à la Tour dans le Pas de Calais. Entré en 1876, à Saint Cyr, il enseigne à l'École de guerre en 1904. Nommé général de corps d'armée après la campagne de Belgique, il commande à Verdun en 1916 puis remplace Nivelle en 1917. Il est nommé maréchal de France le 19 novembre 1918. Le 14 septembre 1920, il épouse civilement Eugénie Hardon, divorcée. Le 20 juin 1929, il est élu à l'Académie française (reçu par Paul Valéry). Le 9 février 1934, il devient ministre de la guerre dans le gouvernement Doumergue. Le 2 mars 1939 il est nommé ambassadeur en Espagne.
Le 16 juin 1940, sa nomination de président du Conseil est approuvée par Albert Lebrun.
En 1940, il demande l'Armistice et installe le gouvernement à Vichy. L'Assemblée nationale menée par Laval lui donne tous les pouvoirs. Il crée la Milice (Darnand) et reste à son poste quand les Allemands envahissent la zone sud en 1942.  Il meurt le 23 juillet 1951 pendant son internement sur l'Île d'Yeu où il demeure inhumé. Comme militaire, il demeure le vainqueur de Verdun qui préconisait la prudence, comme homme d'état, il est le chef du régime qui a collaboré avec zèle avec l'Allemagne nazi.

Le procès
Commencé le 23 juillet 1945, le procès du maréchal Pétain devant la Haute Cour de justice s'acheva le 15 août 1945. La cour le déclara coupable d'intelligence avec l'ennemi et de haute trahison. Elle le condamna à mort, à l'indignité nationale et à la confiscation de ses biens, assortissant toutefois cette condamnation du voeu de non-exécution de la sentence de mort, en raison de son grand âge. Le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République (et père de l'amiral Philippe dont Pétain était le parrain), commua la sentence de mort en peine en réclusion à perpétuité. Il fut radié de l'Académie française mais conserva son titre de maréchal.
Il fut défendu par Me Payen, Me Lemaire et Me Jacques Isorni (qui défendit aussi Robert Brasillach et Jean Marie Bastien Thierry).
D'abord enfermé dans les Pyrénées (fort du Portalet du 15 août au 16 novembre 1945), il fut transféré à l'Île d'Yeu où sa femme bénéficia d'un droit de visite quotidien.
Dans les années 70, sa dépouille fut enlevée par des fidèles qui demandaient son transfert à Douaumont.
Chirac fut le premier président à ne pas faire fleurir sa tombe.
Le directeur de l'administration pénitentiaire qui emmena Pétain dans sa nouvelle prison s'appelait Amor. "Amor ?" dit Pétain. "Comme moi !"